mercredi 21 mai 2014

Les missions jésuites Chiquitanas

Du vendredi 16 au mercredi 21 Mai :

Las missiones Chiquitanas
     

Situées dans la région de la Chiquitana, à l’est de Santa Cruz :      




Pour une fois, je me permets de donner quelques petites explications historiques car il me semble que c’est l’un des rares endroits où la religion à l’époque coloniale a intégré les coutumes locales à sa pratique et enrichie la population de son savoir.

Histoire : les pères jésuites arrivèrent au XVIIe dans cette région pauvre et sauvage, aux confins de la Bolivie et proche du Brésil, afin d’ériger les « républiques de Dieu », des utopies terrestres où tous les hommes s’aimeraient et s’aideraient sans différence de nature et d’origine ;  un idéal échappant au dogme papal et à l’autorité du roi d’Espagne ! La première unité de population fut fondée en 1692 à San Javier, son église datant de 1749  fut le modèle architectural des 9 qui furent construites par la suite, jusqu’en 1767, date à laquelle les jésuites furent expulsés  des Amériques par un traité signés conjointement par le pape et les rois d’Espagne et du Portugal. Les jésuites et leur idéal communautaire représentaient une forte entrave à la main mise sur l’or et l’argent de la région et à l’asservissement de la population autochtone. S’ensuivirent Franciscains et autres…
Le père Martin Schmid d’origine suisse, musicien et architecte, conçut ces églises. Les jésuites fondèrent écoles et instruction ; la forte présence de la langue espagnole et la croyance religieuse amenèrent une perte des langues locales mais les coutumes et rituels se mixèrent à la religion catholique, ce que l’on retrouve dans les objets d’art des églises. Les natifs furent formés à travailler le bois, à la construction, à la musique…D’où la naissance de l’art baroque chiquitano typique de la région (festival international de musique baroque tous les 2 ans, nombreux concerts…).

Les Chiquitanos sont très fiers de cette transmission. Ils perpétuent les traditions en travaillant le bois (cèdre, soto bois le plus dur des colonnes des églises…) et en fabriquant des instruments de musique (violon, harpe…). Beaucoup de jeunes sont formés à un instrument ou au chant, mais malheureusement ils partent travailler à la ville et c’est une spirale de formations afin de maintenir cette activité. Nous assisterons par hasard à un petit concert dans l’église de San Javier.

Les églises :
Malgré leur architecture similaire et la dominance de l’orange, noir, vert, elles sont toutes différentes, certaines ayant plus de charme que d’autres…Nous nous régalerons à les visiter, admirant le travail impressionnant du bois et les fresques.

San Javier :
Sur la place, un beau toborochi ventru
 Belle église aux teintes naturelles.

Concepcion :
L’église est plus imposante avec un beau cloitre et un musée présentant de belles pièces anciennes. L’autel est assez vif en couleurs. Sa restauration aux couleurs criardes et aux dorures abusives lui donnent un air moderne et très kitch.

Façade de l'église San Xavier



peinture réalisée par les natifs.














 Le petit musée :










 Le jardin aux orchidées de l'hôtel Chiquitos :
Nous visitons un beau parc avec son jardin d’orchidées. Mais dommage, la période de floraison se situe en septembre-octobre et nous ne pourrons admirer que quelques rares fleurs. Des perroquets nous accueillent...


















Qui a le plus de couleurs ?

Bougainvilier orange

San Ignacio de Velasco :
La ville ne nous plait guère, se ressent une certaine insécurité. Il paraitrait qu’elle se situe sur la route vers le Brésil et ses trafics…
L’église ravagée par un incendie en 1950, fut reconstruite. Sa restauration actuelle tente de lui redonner son air d’antan.












Santa Ana :
C’est l’église la plus simple et authentique de la série. Sa restauration est plus sommaire, ici pas de dorure mais des teintes pastels et surtout des applications de mica apportant une touche nacrée lumineuse.
Des chauve-souris ont élu domicile derrière l’autel et s’envolent à notre venue !







 
San Miguel de Velasco :
Carmelo nous accompagne dans notre visite, un passionné des lieux. Natif du village, il a participé à la restauration de cette église dans l’équipe des menuisiers. Les piliers d’origine en bois de soto sont imposants, le soleil au plafond est fashy, les chariots de procession massifs et pesants.














San Rafael :
De belles couleurs pastels aux teintes de terre et végétales, une chaire de nacre avec rambarde à tête de cheval, des anges musiciens, le seul autel avec des miroirs…






 























 


























 San Jose de Chiquitos :
La plus grande avec sa façade aux immenses murs, l’ensemble est imposant mais l’intérieur de l’église ne présente guère d’intérêt. Les peintures ont toutes été recouvertes par l’enduit.






le confessionnal, version extra-plat !

la coupole de la chaire






le cloitre
 Au fil de ces visites, nous avons traversé de magnifiques paysages, dans une nature verdoyante. Dans la vaste plaine amazonienne, la région des missions est un îlot de collines précurseur de la végétation tropicale. Nous vous livrons ces photos en vrac…

Les Paysages et la nature :
La région est d’abord celle de l’élevage (zébus pour la viande et vaches laitières, hollandaises et même limousine !) avec ses estancias clôturées et ses pâturages. Mais aussi de vastes zones humides avec ses étangs et ses jacinthes d’eau. La terre est souvent rouge, magnifique sur les photos mais des plus glissantes quand il pleut (ce que nous rencontrons les premiers jours). Et de nombreux papillons, des nuages parfois.




Jacinthe d'eau



Bivouac à l'étang de San Miguel

 Nids :

 Fourmillières nombreuses dans les champs:


 vue panoramique sur la plaine :


Les papillons :











phasme

















Fleurs des jardins et villes :

Papaye : Même les petits arbres produisent !




caroubier


fruit de palmier




palmier étranglé par un ficus parasite.














bougainvillier double

   Mercredi 21 et jeudi 22 :
Retour par Santa Cruz afin de se diriger vers Sucre. Mais aussi afin de faire les formalités de prolongation de séjour en Bolivie (n'accorde que 30 jours à la frontière). Eh ben, pas triste l'administration bolivienne, on n'en attendait pas moins ! Arrivée 14h30 au bureau de migration après être partis à la recherche de sa nouvelle adresse, faire la queue pour s'entendre dire "revenez demain à 11h00"...Donc nous irons dormir à l'hôtel ! Evidemment pas de camping à Santa Cruz...Mais ce fut finalement de la chance car le vent s'est déchaîné toute la nuit et la pluie est tombée fort. Nous retournons à l'hôtel Canada avec son lot de Mononites, le groupe a changé depuis la semaine dernière mais toujours aussi peu souriant et communicatif ! Ne répondent même pas quand on leur dit bonjour. Le petron de l'hôtel m'expliquera qu'il habite à l'est de Santa Cruz, dans la région des Mononites; son hôtel est donc tout indiqué pour les accueillir.
Les Mononites: communauté ne croyant qu'en l'autorité de la bible, aux traditions prononcées et style "petite maison dans la prairie" (habillés comme la famille Engels!). Ils vivent sur des estancias de culture et élévage, en circuit fermé, viennent à la ville pour le commerce et se réapprovisionner. Seuls les hommes parlent l'espagnol et sont en lien avec la société.
Nous avons aussi croisé en revenant de la région des missiones, la remorque type wagon de train accrochée derrière le tracteur afin que la famille soit protégée...

Suite administration : à 10 h. au service de migration, on nous dit "revenez à 17h, l'inspecteur assermenté n'est pas là". Ca commence à bouillir !
Nous nous résignons et allons faire un tour au Zoo  en attendant, sous la pluie; dommage car le zoo de Santa Cruz est bien sympa.

Les formalités enfin accomplies, direction le sud-ouest pour le site de Saimapata, la route du Che et Sucre...

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